Femmes dans le secteur de la construction : défis et perspectives

Au cours des dernières années, le secteur du bâtiment et de la construction a été confronté à des crises économique, immobilière et énergétique qui ont impacté significativement la demande en Suisse. Malgré ces turbulences, le secteur montre des signes de résilience et des perspectives de relance émergent pour les prochaines années. L’une des initiatives notables provient du gouvernement genevois qui a alloué près de 550 millions de francs pour la rénovation énergétique des bâtiments dans le canton, une mesure qui devrait stimuler les activités de nombreuses entreprises. Dans ce contexte, l’augmentation du recrutement des femmes dans le secteur est envisagée comme une stratégie pertinente pour répondre aux besoins en personnel qualifié, notamment face à une pénurie croissante.

Constat européen

Historiquement dominé par les hommes, le secteur a néanmoins connu une hausse modeste du nombre de femmes employées ces dernières années. Bien que des initiatives soient prises pour accroître la présence féminine au sein des entreprises, l’intégration des femmes dans le secteur de la construction reste limitée. Le travail dans ce domaine est souvent perçu comme physiquement exigeant, bien que la diversité des rôles disponibles s’accroît pour des profils de plus en plus variés.

En Suisse, le taux de participation féminine dans la construction se situe entre 12 et 18 %. En Europe, les femmes ne représentaient que 9 % des travailleurs de la construction en 2020, plaçant la Suisse dans la moyenne européenne. Toutefois, la Suisse a réalisé des progrès significatifs : si en 1992 seulement 350 femmes travaillaient dans la construction, en 2022, plus de 12’000 étaient employées, soit une augmentation de 27 %. La Scandinavie se distingue par une participation féminine plus élevée, grâce à des politiques de quotas et des formations dédiées, avec des taux avoisinant les 35 % en Norvège.

Obstacles multiples

Les obstacles à la participation des femmes dans la construction sont multifactoriels. Des stéréotypes de genre persistants et la prédominance masculine dans le secteur peuvent décourager les femmes de rejoindre le secteur, de peur de stigmatisation. De plus, les rôles traditionnellement féminins se concentrent souvent dans des domaines de soutien tels que les ressources humaines, le marketing et les bureaux techniques, plutôt que sur les chantiers.

Un point critique réside également dans l’harmonisation entre vie professionnelle et vie privée, rendue difficile par des horaires irréguliers, de nombreux déplacements et le caractère saisonnier du travail. La fluctuation de la demande en projets de construction entraîne une perception d’instabilité qui décourage souvent les femmes de viser des postes de terrain, optant pour des rôles administratifs perçus comme plus stables. Les problèmes de harcèlement moral et sexuel restent prévalents, comme l’indique une enquête d’UNIA réalisée entre 2022 et 2023, révélant que plus de la moitié des 300 femmes interrogées dans le secteur ont subi des comportements inappropriés (blagues et / ou commentaires désobligeants).

Perspectives changeantes

Toutefois, les mentalités changent. Certains métiers se féminisent, comme peintre en bâtiment, architecte, dessinatrice et ingénieure, tandis que d’autres secteurs restent boudés par les femmes, comme la maçonnerie, la charpenterie, la ferblanterie et l’échafaudage.

À son humble échelle, ECHAMI promeut une approche proactive et étudie activement les obstacles qui entravent la participation féminine au sein de son entreprise. Bien qu’à ce jour, son personnel féminin soit principalement assigné à l’administration, ECHAMI est déterminée à dépasser cette norme en envisageant d’intégrer sa première échafaudeuse, malgré les défis physiques du métier. Depuis sa création, l’entreprise assure une rémunération équitable pour un travail de valeur identique et offre des opportunités d’avancement à tous ses employés motivés. Elle maintient une politique de tolérance zéro contre toute forme de discrimination ou de harcèlement, créant ainsi un environnement de travail sécurisé et propice, où chaque employé peut pleinement s’épanouir dans un cadre professionnel stimulant et accueillant.